Pour terminer 2016, une des plus célèbres chansons du cinéma des années 30, séquence de la Belle équipe de (toujours lui) Julien Duvivier, sorti en septembre 1936.
On se souvient de l'argument du film : les tribulations de cinq chômeurs, dont un réfugié espagnol en instance d'expulsion, qui gagnent à la loterie et décident de s'associer pour monter une guinguette plutôt que d'aller le dépenser chacun pour leur compte.
Première particularité, trois des acteurs gardent leur véritable prénom dans ce film : Jeannot (Gabin), Charlot (Vanel) et Raymond "Tintin" (Aimos*)
Métaphore du Front Populaire, ce film connut deux fins** : l'originale, voulue par Duvivier, dans laquelle la joyeuse bande s'étiole, puis se déchire jusqu'au meurtre et une optimiste dans laquelle nos gaillards voient leur rêve se réaliser, quitte à ressusciter un mort au passage!
Cette fin, montrée à l'époque, était si artificielle qu'elle doit avoir joué son rôle dans le flop du film à sa sortie.
Par contre, la chanson, écrite par Julien Duvivier et Maurice Yvain, interprétée par Gabin, ici suivi par Raymond Cordy et accompagné de l'orchestre musette de Pierrot Deprince est restée dans toutes les mémoires.
Une dernière remarque en ce qui concerne le cinéma et le Front Popu : ce film, tourné début 36, comprend un personnage espagnol. Il ne pouvait y avoir d'allusion à la guerre en cours pour cause de date de tournage. Par contre, les films qui suivront vont soigneusement éviter le sujet. Reflet de la lâcheté et de la trahison du gouvernement de Léon Blum ? Sans doute. Il existe toutefois quelques exceptions notables, dont le fabuleux "Hôtel du Nord" de Marcel Carné (1938)
* Tué sur les barricades lors de l'insurrection parisienne de 1944.
** On n'en dira pas trop, tout le monde n'a pas vu le film.
PS : Pierre Barouh est donc disparu le 28 décembre. On y reviendra.
Michel Grégoire (né en 1944 à Paris) est un personnage maudit du rock français des tout débuts.
Son joli brin de voix ne lui a jamais permis d'accéder au statut d'idole, lui qui arriva au concours du Golf Drouot juste derrière Johnny Halliday envers qui il gardera une certaine rancune.
Moustique se sera tout de même produit en première partie de Little Richard, Gene Vincent, Jerry Lee Lewis ou les Beatles à l'Olympia. Excusez du peu.
La télévision lui avait consacré un bref sujet à l'époque.
En voici un autre de 1989 où notre homme révèle aussi des talents de cuistot et de raconteur :
Il a tenu un temps un restaurant dans son quartier de La Bastille, depuis, il semble qu'on puisse le croiser à son stand de brocante africaine au marché d'Aligre.
Par ailleurs, notre rocker monte toujours sur scène à l'occasion.
Et les proxos du titre, alors ?
Il est ici fait référence à une de ses plus fameuses adaptations, la chanson de geste américaine Stagger Lee.
Variante édulcorée de la version originale, cette chanson (aussi connue comme Stago Lee, Stack-O-Lee, Skeeg-a-Lee, etc.) part d'un règlement de compte entre deux macs de la Nouvelle Orleans.
Selon l'anecdote recueillie par les Lomax, Lee "Stag" Shelton (vraisemblablement issu d'une lignée de truands écumant des steamboats, les "Stack") et William "Billy" Lyons, deux noirs concurrents ont une querelle dans un bar un soir de noël 1895. Le ton montant, Billy arrache le stetson de Lee qui sort son flingue et l'étend pour le compte.
Jugé pour meurtre, Shelton ne restera en taule que jusqu'en 1909 (après tout il avait débarrassé la Louisiane d'un truand notoire) avant d'y retourner pour vol à main armée en 1911 et d'y crever l'année suivante.
Pourquoi et comment ce fait divers assez banal est-il devenu un grand classique du folk, puis du blues, puis du rock ? Mystère !
Chantée dans les rues et les bars, enregistrée une première fois en 1923 (par Waring's Pensylvanians ?), la version de Lloyd Price fera un carton en 1959.
Connaissant moult rajouts, elle a été reprise, entre autres, par Sydney Bechet, Ike et Tina Turner, Wilson Pickett, James Brown, Sam the Sham, Grateful Dead, Tom Jones, les Clash, Nick Cave...
La plus chouette version ? C'est hautement subjectif.
Dixit, Romain, Grand Timonier du blues sur Canal Sud, celle des Isley Brothers avec Fats Domino au piano vaut le coup d'oreille :
Quoi de plus fatal et tragique après avoir fréquenté la police que de se mettre à table ?
À peine remis des agapes annuelles, l'Herbe Tendre passe à la grande bouffe.
Entre ragoûts mis en musique et bonnes manière de se tenir à la table de la Baronne Nadine de R., nous nous proménerons du côté des maîtres-queux.
Avis ! Achtung ! Pour cause d'absence de certains de ses membre, l'Herbe Tendre de janvier est remise au DEUXIÈME lundi du mois. Ce sera donc le lundi 9 janvier à 18h sur Radio Canal Sud.
Et l'on verra ci-dessous l'immortel Raymond Oliver en compagnie de deux chansonniers qui n'avaient rien contre un p'tit verre à l'occase subir la recette du Water Pudding :
Le 27 mars 1962, Jacques Grello célébrait la nativité à sa manière, accompagné par son pote Pierre Nicolas.
On croit reconnaître au passage Jean-Pierre Chabrol, Georges Brassens, Maurice Fanon, Guy Béart et peut-être d'autres... Physionomistes érudits, à vos claviers.
On savait que Brassens, lorsqu'il empruntait un texte, aimait tailler dans le gras pour en faire une chanson efficace.
Au point de nous faire parfois oublier le poème original. Une des plus belles réussites du Sétois restant, à notre goût, La Marine du "Prince des poètes", comme se plaisait à l'appeler Jacques Yonnet, on s'est rendu compte que le texte, à la base intitulé L'Amour marin (qu'on retrouve donc en cliquant sur le lien) comportait en tout 27 strophes !
Inadaptable, donc ?
Pas vraiment, il suffisait d'oser.
À preuve et pour notre édification, cette version de Gabriel Yacoub, ci-devant fondateur du groupe (parfois pénible) Malicorne
qui est ici entouré de BJ Cole, John Lester, Jeff Boudreaux, Ronnie Caryl,
Rob Armus, Gabriela Arnon et Paul Tiernan.
Le texte est ici dans son intégralité et ça lui rend une belle justice.
Allez, une question à la con. À votre avis quelle est la chanson la plus reprise au monde ?
L'Internationale ? Veni creator ? Let it be ? Évidemment, c'est introuvable.
Un sérieux candidat au titre est ce classique des baloches de notre enfance : La Paloma (en espagnol, la Colombe). On en recense autour de 5000 reprises !
Cette chanson, généralement signée (Traditionnel), aurait été composée, autour de 1863, par le Basque Sebastian Yradier qui revenait de faire un petit tour à Cuba, encore colonie espagnole et pas encore satellite des États-Unis, (ce qui n'adviendra qu'en 1898).
L'origine caraïbe de la chanson est attestée par cette musique, si populaire à la fin XIXème, la Habanera, dont Bizet et Ravel useront avec profit.
Dès 1865, on entend les premières traductions, en France et en
Allemagne.
Les versions françaises ont divers auteurs et paroles au gré des adaptations (Jean Rodor, Jean Loysel, Reda Caire, Catherine Desage)
Mireille Mathieu en fit, en 1973, une adaptation en allemand de Georg Buschor La Paloma Ade qui fut numéro 1 des hits dans les pays germanophones, puis une autre en français par Catherine Desage, La paloma adieu, numéro 1 dans les pays francophones. Puis, elle gravera encore deux autres versions : en anglais La Paloma Good-Bye et en espagnol La Paloma Vendra.
Même Elvis Presley s'y est frotté dans sa période crooner à Las Vegas.
Mais un des tout premiers enregistrements discographique fut celui de la Garde républicaine (France) en 1899.
Illustration plus moderne :
Cette réjouissante version tout à fait balocharde, est chantée par Arno sur son disque d'avril 1991, par ailleurs très bluesy, "Charles et ses Lulus".
Le groupe était formé de Arno, Roland, Adriano Cominotto et Piet Jorens.
La Paloma fut également le nom d'un dancing de Barcelone, aussi charmant que populaire, du temps où il se trouvait dans un quartier pas encore ravagé par la spéculation, le modernisme, la bourgeoisie, la publicité, les épiceries bio, etc.
On pouvait y boire du mousseux catalan dans une salle rococo peuplée de couples endimanchés au son d'un orchestre qui devait déjà jouer du temps où Juan Garcia Oliver faisait le service. Lorsque les musiciens entonnaient La Paloma, il fallait songer à trouver un autre abreuvoir ou tituber jusqu'à sa piaule.
Un mien camarade, issu des rues de ce quartier, aimait tellement ce titre qu'il en faisait subir plus de quarante versions enchaînées sur une cassette au cours d'interminables trajets automobile.
Encore une trouvaille de l'ami François, du blog Le Garage. Hitler est mort
Une chanson de Billy Paradis, alias Taffnut, (sur le 78 tour Starr 16641-B) de 1945 avec "Mouchons-nous" en face B.
Au vu du peu de sources dont on dispose, il semble que le sieur Billy Paradis ait été un fantaisiste québécois, un tant soit peu comique troupier, qui commit quelques amabilités comme "Le Japon ne jappera plus" ou " D'l'amour atomique" et aussi certains titres plus sociaux.
Le style raciste employé vis à vis des Japonais est bien dans le ton universel de l'époque. Pas plus dégueulasse, par exemple, que les bd belges de Victor Hubinon où l'on cassait des "faces de citons" à qui mieux mieux jusque dans les années 60.
Pour mémoire, dans cette guerre, plus de 45 000 Canadiens ont laissé leur peau sur les différents fronts avec un événement particulier, celui du débarquement foireux de Dieppe, (19 août 1942) pur massacre de troupes du grand nord, qui laissera chez certains d'entre eux une rancœur tenace vis à vis de l'état-major britannique.
Au 8 mai 1945, 80 000 Canadiens se trouvaient dans les forces du Pacifique contre le Japon. De ce côté là, la guerre avait débuté par une campagne, assez lamentablement menée, dans les Îles Aléoutiennes en juin 42 / mai 43.
Juste pour se mettre en joie, un petit supplément de 1942 au sujet de l'odieux personnage par l'immense bluesman Leadbelly :
Le « Torrey Canyon » fut le premier supertanker à provoquer une marée noire majeure, le 18 mars 1967 au sud de l’Angleterre.
Battant pavillon libérien, propriété de l'Union Oil Company of California, ce monstre chargé de 120 000 tonnes de brut s'échoua sur les îles Sorlingues.
Pris de court, le gouvernement britannique commença par envoyer des bombardiers pour tenter d'incendier le bateau et la nappe. 42 bombes rateront d'ailleurs leur cible sous le regard incrédule des riverains.
Puis l'utilisation massive de détergents se révélera un remède pire que le mal.
On estime que plus de 15 000 oiseaux et phoques furent étouffés sous le mazout au long des 200 km du littoral de Cornouailles puis de Guernesey et des côtes bretonnes, trois semaines plus tard.
Serge
Gainsbourg, en fit une
petite chanson très rhythm 'n blues trois mois plus tard, en juin
1967, enregistrée au studio Chappell de Londres et incluse dans l'album Initial B.B. Le morceau est co-signé avec David Whitaker, arrangeur musical, entre autres, des Rolling Stones. La choriste est Madeline Bell.
À part la déploration cette
première catastrophe pétrolière, c’est un chouette démontage de la chaîne capitaliste et au passage un manifeste écologiste, même si ce genre de sujet n'est pas la tasse de thé du beau Serge.
La catastrophe est résumée aux actualités britanniques à ce lien.
Admirez l'accompagnement musical digne des meilleurs films de guerre.
Et voila le gars qui écrivit un bon millier de chansons, LE chanteur de Paris par excellence : Francis Lemarque (1917- 2002).
Né Nathan Korb dans une famille pauvre de la rue de Lappe, il commence à chanter dans les rues à huit ans avant de rentrer en usine à 11 ans.
Les Frères Marc
En 1932, il forme un duo avec son frère Maurice, les Frères Marc.
Le couple adhère à l'AEAR (Association des Écrivains et Artistes Révolutionnaires) groupe proche du PCF, dont le représentant le plus connu est le groupe "Octobre" (Maurice Baquet, les frères Prévert, Jean-Louis Barrault, Mouloudji, Marcel Duhamel, etc.)
Premiers à mettre Prévert en chanson, ils tournent avec Pierre Dac, Paul Meurisse et Joseph Kosma.
Mobilisé en 1939,
il est « lieutenant-guitariste » aux activités théâtres aux l'armée.
En 1940, il passe en zone libre et
s'installe à Marseille où il rencontre Jacques Canetti, son futur agent artistique. Il fait quelques
tournées en Afrique du Nord avec le
guitariste manouche Django Reinhardt.
Sa mère, déportée en 1943, disparaît à Auschwitz. Francis rejoint un maquis FTP avant de terminer la guerre dans l'armée de De Lattre.
En 1946, il entame sa carrière dans les cabarets et croise deux personnes qui changent sa vie : sa femme Ginny Richès et Yves Montand pour lequel il écrit plus de trente chansons : A Paris, Je vais à pied, Ma douce vallée, Bal petit bal...
Au cinéma, il compose la musique de "Playtime" pour Tati.
En 1957, il fait un carton en adaptant une vieille rengaine allemande Der Treue Husar, en Marjolaine.
Pour le plaisir, la version de l'originale qui clôt le film de Kubrick "Les sentiers de la gloire" chantée par Susanne Christian, seul rôle féminin du film, que Kubrick épousa peu après lui avoir offert le rôle.
Fidèle au parti communiste, il fait des tournées en Pologne, URSS, Chine, etc. en centrant son tour de chant sur le pacifisme. Quand un soldat est d'ailleurs une de ses chansons les plus connues qu'il ne se lassera jamais d'interpréter.
Cinq années à l'Échelle de Jacob, deux prix de l'Académie Charles Cros, une longue collaboration avec Michel Legrand, un Olympia avec Colette Renard jalonnent sa carrière jusqu'en 1960.
Il se met alors à écrire de nombreuses musiques pour le cinéma ou la télévision. Par exemple :
Au début des années 70, il monte la comédie musicale "Paris populi" où vont chanter à ses côtés Jean Guidoni, Marcel Amont, Juliette Greco, Michel Delpech, Mouloudji, Serge Reggiani, Catherine Sauvage, Francesca Soleville, entre autres.Rien que ça !
Il va ensuite continuer à tourner, à écrire et à rédiger quelques anthologies sur la chanson.
On le retrouve ci-dessous, filmé en 1969, en compagnie de Chabrol (Jean-Pierre), Ferrat, Morelli et Brassens interprétant "Y'a trop de tout" de Paul Vaillant-Couturier.
Il est mort le 20 avril 2002.
Vous trouverez d'autres détails avec ce lien d'un des sites qui lui est dédié.
Fructueux échange entre un policier et le cambrioleur anarchiste Duval : - Au nom de la loi, je vous arrête ! - Au nom de la liberté, je te supprime ... (1910)
Après les sommations d'usage, on envoya donc
Yves Mathieu Pestaille !
Nanni Svampa Al mercato rionale
Bijou P 38
Higelin Les chaussettes à clous
B James La police assassine
GAM Allez les gars
Les Frères Jacques J'emmène les gendarmes
Catherine Sauvage Pétition d'un voleur à un roi voisin
Alpha Blondy Brigadier Sabari
La Bolduc Les policemen Énigme cinématographique
Gnawa Diffusion Bleu, blanc, gyrophare
MAP La chasse est ouverte
Mini mix Renaud
Marc Robine L'amour qui s'fout de tout
La Rumeur P.O.R.C.
L'émission peut s'écouter ou se peau de caster à ce lien.
« Je crains moins de rencontrer un voleur qu’un homme de la police
pendant la nuit. Le premier me prendra ma bourse, mais l’autre me
prendra ma liberté. » (Louis Veuillot, 1884)
Si même les bourgeois catholiques l'écrivent, que voulez-vous rajouter ?
Peut-être un dernier avis de René Binamé :
Et un cadeau cannibale de l'ami François qui fait le joint avec notre prochaine émission sur la grande bouffe : une pièce bizarre de Pauline Julien! Illustre chansonnière et femme
du dernier péquiste respectable, Gérald Godin. Membre du comité de
défense des prisonniers politiques à l'époque du FLQ ce qui était très
très osé.
Les chanteurs Bordelais sont les rois du fait-divers.
C'est par cet article approximatif que nous avons appris la réapparition de Gilles, ex chanteur de Camera Silens. L'émotion suscitée nous donne l'occasion de revenir un peu sur ce groupe et son époque.
Rappelons que leur nom venait des cellules d'isolement sensoriel dans lequel l'état fédéral allemand précipita les prisonniers de la RAF (Fraction Armée Rouge) pendant des années et qu'ils souhaitaient par là tant marquer leur camp qu'éviter les noms en "ST" qui faisaient alors florès sur la scène bordelaise.
Monté en 1981, le groupe est à la base un trio formé de Gilles Bertin (basse et chant), Benoît Destriau (guitare et chant) et Philippe Schneiberger (batterie).
Détail marrant, en 1982, ils arrivent à la première place d'un tremplin rock ex aequo avec une autre bande de petits nouveaux, Noir Désir (les rois, on vous dit).
Les autres groupes remuants de la scène locale sont alors les Brigades, Strychnine ou Parfum de Femmes qui ne dédaignent pas chanter en espagnol, chose assez peu courante alors.
Mais les Camera Silens, fortement influencés par la vague britannique punk et oï, font dans le street punk et, à l'image de leur modèle héros de la classe ouvrière, Sham 69, sont suivis par un contingent de punks et de skins remuants qui vont vite effrayer les organisateurs de concert. Rajoutons-y une suite d'éjection des locaux de répétition, une situation sociale plus que précaire, quelques emmerdes avec la justice et un entourage marqué par la dope, on comprend mieux le sens de paroles entre urgence, colère, désespoir et rêve du grand coup.
Au passage, s'ils ont d'évidents liens avec les Sham, ils sont également étonnamment proches (paroles et musique) d'un groupe basque espagnol de l'époque, Cicatriz* de Vitoria. On se fréquentait beaucoup des deux côtés des Pyrénées....
En 1983, Philippe parti, ils sont renforcés par Éric Ferrer (basse) et Boubou à la batterie. Ils jouent un temps avec deux basses pour une musique assez froide avant que Gilles ne passe au chant à plein temps.
Après des apparitions sur les compilations "Chaos en France", ils enregistrent un album entièrement auto-produit avec la complicité de Patrick Mathé de New Rose, en 1984, "Réalité".
Et se taillent alors une belle réputation.
Le titre phare, Identité, est repris sur la compilation sortie en décembre 1985, Les Héros du Peuple sont immortels, coproduite par Gougnaf et Kronchtadt Tapes. Ils tournent alors beaucoup avec OTH.
En 1986, Gilles quitte le groupe, il s'évanouira dans la nature suite au très propre braquage de la société de convoyage Brink's à Toulouse début 1988. Multiples ont été les rumeurs et supputations entre temps, à toutes fins utiles on rappelle que, suite à sa reddition, une instruction est à nouveau ouverte et que le silence est d'or.
François Borne (saxophone) rejoint les rescapés et leur musique prend un tour swing, reggae / ska qui va leur donner un certain succès tout en les brouillant avec une partie de leur base historique.
En 1987, sort le six titres "Rien qu'en traînant" authentique réussite.
Minés par une réputation aussi sulfureuse qu'injuste, ils se sabordent en mai 1988. Bruno et Éric vont jouer un temps avec Whodunnit et Mush. Leur manager va s'occuper de Noir Désir.
En 2000 Camera Silens se réunit à nouveau avec Benoît, Eric, Bruno,
François et Fred, nouveau aux guitares. Ils enregistrent quatre titres inédits. L'album Réalité ressort en cd en 2003 sur le label Euthanasie, réédité en 2005 en vinyle.
Un bon résumé de leur histoire se trouve dans cet excellent entretien à ce lien.
Merci Arno.
Et un titre qui, même s'il nous avait paru un peu niaiseux au début (T'as vu des roses refleurir au-delà des Pyrénées, ta ?) a fini par nous émouvoir à l'usage. Allez savoir pourquoi.
Dernière précision, je ne sais si c'est le titre "Identité" qui vous excite mais nazillons de toutes sorte qui tournez autour du cadavre de Camera Silens, veuillez retourner dans les égouts d'où vous n'auriez jamais dû sortir.
* En ce qui concerne les Cicatriz, aucun survivant connu à ce jour sur les cinq musiciens, hécatombe assez commune chez ceux de "l'autre côté".
Le camarade rocker Marc Sastre est l'auteur de sept recueils de poèmes dont les titres forment à eux seuls une suite édifiante : "Aux bâtards de la grande santé", "À défaut de martyrs", "La maison vide", "Soif", "Rien qu'une chute", "Dans l'atelier du monde" et "L'homme percé", qu'il a désormais gravé et mis en musique en compagnie de son camarade Guillaume Navar.
Il a également écrit une déambulation autour de Jeffrey Lee Pierce, fondateur du "Gun Club".
On se fait un plaisir de relayer une petite présentation de son turbin (terme qui le mettrait en joie, n'en doutons pas) :
Extrait : Je suis le fils de ceux qui accrochaient des lumières sous les nuages des derniers empires. Le ciel et le temps leur étaient familiers le froid même les craignait. Ça se soignait avec de larges rasades de gnôle étendues de saintes insultes. Ça inventait parfois des Communes. Ceux-là, une échelle leur suffisait. Parfois un barreau venait à céder il y avait plus d’hommes que de barreaux. Ceux-là ne sont plus un ordre en chasse un autre.
(...) Demain après-demain dans huit jours peut-être les bruits des plaques d'égout sautant sur la gueule des flics tailleront dans le ciel autant de bleu qu'il en faut pour la tête de la plus jolie femme du monde.
Benjamin Péret "Rendre l'âme" (1934)
En Espagne on les appelle "chiens", aux États-Unis "gorets" après les avoir nommés "bœufs", en France "poulets", "vaches", "bourriques" ou "perdreaux" et il y a longtemps "hirondelles". Prolongation de notre émission animale ? Nullement.
Le bras armé de l'État a toujours usé de méthodes qui ont fait sa renommée et, de ce fait, entretenu avec la populace des rapports aussi riches que variés.
Qui se reflètent évidemment dans la chanson populaire. On rappelle qu'une très recommandable anthologie sur le sujet est sortie l'an dernier.
Et c'était avant la "loi travail" et les manifs de policiers qui veulent qu'en plus on les aime (et il nous resterait quoi à nous?) Nous nous inspirerons donc de cet ouvrage salutaire pour faire un tour chez nos policiers et peut-être ceux des autres.
Ce sera le lundi 5 décembre à 18h sur le 92.2 de Radio Canal Sud.
En apéro, un extrait du film de Ray Gange "Rude boy" où l'on constate que la seule évocation des bourres met le regretté Joe Strummer en transe.
Enregistrés à la radio en 1950, des airs de Mac Orlan chantés par Laure Diana accompagnée d'un accordéoniste, sont présentés par nos deux poètes, ci-devant montmartrois.
Ici, on nage dans la nostalgie du biffin (on disait alors assez peu bidasse) avec sa vérole, son cafard, ses cors aux pieds, ses aventures coloniales et les filles à soldat. Surtout les filles à soldat, d'ailleurs.
Ce troupeau servira de chair à canon en masse pendant les quatre années d'une guerre qui allait en finir avec les derniers débris de romantisme populaire pour annoncer un futurisme tout empreint d'acier et de gaz.
Pierre Mac Orlan, qui avait morflé d'une "bonne blessure" (celle qui vous renvoie dans votre foyer à peu près "intact") devant Péronne, lors de la bataille de la Somme en 1916, en savait quelque chose.
Les quelques habitués de ce blog connaissent déjà plusieurs de ces chansons mais l'interprétation de Laure Diana est parfois fort différente des habituelles.
Dans l'ordre, elle chante Bel-Abbès, La belle de Mai, Marie-Dominique, Fanny de Lannion, Nelly, Rose des bois.
Richard Anacréon, Pierre Mac Orlan, Marceau Verschueren et Francis Carco (Denise Colomb, 1949)
Dans un tout autre ordre de chose, l'année de merde continue : disparition la même semaine de Paul Tourenne (le plus petit de la bande) et de Sharon Jones. Y'a des jours comme ça où on aimerait que la faucheuse choisisse un peu mieux ses cibles.
C'est en 1976 que Philippe Dauga, bassiste et chanteur, Vincent Palmer, guitares, chant et lunettes noires, et Dynamite Yann à la batterie, sortent de leur cave avec l'ambition de changer la face du rock hexagonal.
À cause de leurs costards et de leur rhythm'n blues nerveux, on les a d'abord pris pour des mods à la française alors qu'ils s'apparentaient à merveille à la vague de groupes de pub rock (rock de bistrot, quoi) qui secouaient les cocotiers (sic) d'outre-manche : Dr Feelgood, Eddie & the Hot Rods, Count Bishop, Sean Tyla Gang, etc.
Et d'ailleurs, tout ce petit monde du tchacapoum de comptoir et du punk naissant va se retrouver aux deux premier et uniques festivals punk en France, ceux de 1976 et 1977 à Mont-de-Marsan. Bijou y a fait des apparitions remarquées.
Contrairement à la plupart des rockers de l'époque, Bijou n'a jamais renié ses grands ancêtres, ici par exemple :
C'est en reprenant les "Papillons noirs", de Gainsbourg qu'ils s'acoquinent avec l'auteur au creux de la vague et le font regrimper sur scène pour leurs rappels. Reconnaissant, il leur écrira Betty Jane Rose en 1978.
Les voici ici réunis. Et puisqu'on citait, Dr Feelgood, nos petits gars de Juvisy ont carrément emprunté le riff de "Watch your step" au maître Wilko Johnson. On la passe en hommage aux nouveaux maîtres des USA.
Mais le parolier attitré du groupe était essentiellement Jean-William Thoury, manager du groupe.
Malgré un succès d'estime et quelques semblant de tubes comme "Rock à la radio", "Danse avec moi" ou " Ok Carole", ils se sont retrouvés victimes de la vague anti-rock des lamentables années 80. Et ils sombrèrent dans la tourmente.
Mais dans les années 2000, Dauga a remonté les Bijou SVP (lire Sans Vincent Palmer).
Il tourne encore avec Frantz Grimm (gtre) et Jo Mathis (Batt.) et ça continue (presque) comme avant. Quoi ? Le rock, une musique de vieux ?
On les retrouve avec le gars Didier Wampa en invité.
Luc Bérimont , fut écrivain, poète, mais aussi auteur de
chansons.
Il a aussi été un grand homme de radio, avec des émissions
consacrées à la poésie et à la chanson poétique. "La fine fleur de la
chanson française" comme "Jam Session Poésie chanson" ont été des
émissions phares de la chanson francophone.
Pour les plus grands, ceux
qui avaient atteint le grand public : Brel, Brassens, Félix Leclerc,
comme pour ceux qui régnaient sur les cabarets : Francesca Soleville,
Jacques Marchais, Anne Sylvestre, Monique Morelli ou Colette Magny.
On entend dans cette émission plusieurs des sus-cités et d'autres encore.
Un programme d'Héléne Azéra, le "Chanson boum", du 28 juin 2015.
En compagnie de Marie Hélène Fraïssé, compagne du poète.
Nos quelques lecteurs, lectrices, habitués, habituées, belges, belges, ont bien remarqué qu'il n'est pas dans nos habitudes de faire la pub pour un album récemment sorti.
Disons qu'après un an, ça fera un honorable temps de prescription.
Car, d'un point de vue chanson, l'adaptation par Sanseverino du livre d'Henri Charrière, "Papillon", en bluegrass, hillbilly, blues tout court et avec même un chouïa de musique amérindienne est une belle réussite.
Pour ce faire, Sanseverino s'est adjoint Christophe Cravero au violon alto,
Christian Seguret à la mandoline et au violon, Jean-Marc Delon au banjo,
Jidé Jouannic à la contrebasse,Lionel Suarez à
l’accordéon et Xa Mesa aux percussions.
Dixit le chanteur : « J’ai
écrit l’album dans l’ordre du livre et il s’écoute donc dans l’ordre de
composition. Au départ, je savais seulement quel son je voulais
entendre. C’est un karaoké littéraire »
Extrait de la présentation du disque : Ce n’est pas vraiment un truand, ce n’est pas vraiment un militant
anarchiste. Mais c’est un sacré bonhomme, Papillon. Chez lui, la liberté
compte plus que tout. Et quand on est bagnard, cela conduit à de folles
aventures – les longs préparatifs, l’adrénaline de la fuite, l’ivresse
d’échapper aux barreaux, la rage d’être repris, l’horreur de la
punition, les préparatifs qui reprennent, une autre évasion (...) Car il faut l’avoir connu, le bagne de Cayenne ! La chaleur
atroce dans les cellules étroites infestées de vermine, la férocité
sadique des matons, la cruauté sans âme de l’administration
pénitentiaire, la violence entre détenus, les maladies tropicales et
surtout le désespoir, le désespoir des réprouvés qui ne reverront jamais
la France qui les a rejetés pour toujours, le désespoir de ces hommes
qu’un tribunal a condamnés à une sentence que la rumeur dit pire que la
guillotine »
Une bande dessinée suivant le texte des chansons et réalisée par Sylvain Dorange et Cécile Richard est sortie parallèlement.
Deux mots sur le bouquin d'origine, sorti en 1968, vendu à des millions d'exemplaires et estampillé "Récit" par l'éditeur Robert Laffont.
Une adaptation cinématographique, de Franklin Schaffner en a été tirée en 1973, avec Steve Mc Queen et Dustin Hoffman. Gros succès également.
Réfugié au Vénézuela, suite à sa dernière évasion, Charrière a affirmé avoir écrit ce livre à la lecture de "l'Astragale" d'Albertine Sarrazin, livre qui eut lui aussi une renommée certaine. Deux ouvrages sont ensuite parus pour dénoncer les mensonges et la mythomanie de l'auteur. Ces deux livres sont l’œuvre d'un journaleux proche des flics, Georges Ménager, et d'un, tout autant, grand ami des flics et des barbouzes, Gérard de Villiers, ce qui rend a priori plus que méfiant quant à leurs intentions.
Ceci dit, l'éditeur qui avait dépêché un enquêteur à Cayenne, était parfaitement au courant des inexactitudes (pour le dire gentiment) contenues dans l'ouvrage. De plus, les connaisseurs de l'histoire du bagne ont reconnu que Charrière s'est attribué sans complexes quelques mésaventures parvenues à rien moins que Marius Jacob, René Belbenoît, Pierre Bougrat ou Eugène Dieudonné (celui qu'on embringuât dans la Bande à Bonnot).
Une belle trompette, donc !
C'est pourquoi on est reconnaissant à Sanseverino d'avoir surtitré son adaptation du qualificatif "Roman".
Antifascisme de mauvais aloi (trouvé chez le Moine Bleu)
Pour ceux qui n'ont pas qu'une vision manichéenne et idéologique de l'histoire, on se doit ici de rappeler quelques banalités de base.
Par définition, la chair à canon sert à toute besogne militaire au service d'intérêts qu'elle ne maîtrise généralement pas.
Ainsi en est-il de la soldatesque de deuxième catégorie : les mêmes troupes coloniales peuvent être tout aussi bien employées en premières lignes dans des dites "bonnes causes", à Monte Casino ou ailleurs, pour se retrouver ensuite simplement mises au rencard et méprisées ou également servir à, entre autre, garder et racketter des camps de "républicains espagnols", traquer le Viet-Minh dans les rizières, massacrer quelques milliers de Malgaches énervés, voire, après coup, se faire mitrailler par ses employeurs dès qu'elle réclame sa paye.
On se permet donc de souligner que même s'il est rassurant que le rôle des colonisés soit désormais à peu près reconnu dans l'histoire populaire, il serait méprisant de les cantonner à un rôle de "victimes". Leurs raisons d'aller au casse-pipe n'étaient généralement ni plus ni moins misérables que celles de leurs collègues de la métropole. Avec souvent, comme arrière pensée, être enfin reconnus, voire gagner une certaine autonomie pour "services rendus". De même qu'il serait malhonnête d'oublier le rôle néfaste des troupes coloniales dans un certain nombre de répressions à l'encontre d'autres "indigènes".
Et s'il faut enfoncer le clou, on donnera un dernier exemple : si les troupes de Franco étaient en bonne partie formées de tabors marocains, on trouvera un certain (certes moindre) nombre de marocains tombés contre ce même Franco et sa clique. Faites-donc un tour au cimetière du Camp du Vernet (09) si vous voulez vérifier...
Ces quelques réflexions nous ont été inspirées par la vision de cette vidéo du fort honorable groupe de rock marocain Hoba Hoba Spirit. Formé, en 1998, de Anouar Zehouani, Saâd Bouidi, Adil Hanine, Réda Allali, Abdessamad Bourhim et Othmane Hmimar.
Loin d'être des nationalistes utiles Hoba Hoba Spirit, chef de file de la Hayha music, qui mêle rock, gnawa, reggae est un acteur de la contestation marocaine. Ainsi, en 2003 l'un des membres du groupe a été accusé de satanisme lors du procès des musiciens présumés démoniaques.
Témoin de leur activisme, ce titre, très clashien en soutien au "mouvement du 20 février".
Donc ce fut une émission toute d'amour pour nos amies (et ennemies parfois) les bestioles. Ça donne quelques classiques :
Joseph Racaille Nous sommes animaux
Charles Trenet Le serpent python
Gainsbourg Le serpent qui danse
Brel Les toros
Bobby Lapointe Saucisson de cheval (2)
Michel delpech Le chasseur
Brassens Montélimar
Énigme au poulet
Prévert par ? Le dromadaire mécontent
Thomas Fersen Zaza
François Hadji-Lazaro Je prends mon bain avec mon pingouin
Ricet Barrier Vie de cochon, vie de vedette
Dick Annegarn Mireille
Bobby Lapointe Saucisson de cheval (1)
Ottawan Qui va garder mon crocodile ?
Miliciens et leur ours, Madrid, nov. 1936 (Robert Capa)
On peut écouter ou télécharger en cliquant là.
Et une complainte de 1974 par les Beau Dommage
Lorsqu'il ne dessinait pas l'actualité anticommuniste du moment ou des vieilles dames soi-disant indignes dans le très réac Figaro, Jacques Faizant écrivait quelques chansons vachardes et tout à fait charmantes intitulées "Bouts-rimés".
Le plus bizarre est qu'elles ont assez bien passé l'épreuve du temps.
Ça doit tenir à une certaine misanthropie de bon aloi.
Voici donc La bergère (1958), chanson pour enfants par Paul Hébert, comédien sorti de chez Dullin qui chantait aussi du Vian et du Dimey, à l'occasion, chez Moineau ou à La Colombe:
Exceptionnellement, on va commencer par la reprise en français.
Depuis la fin des années cinquante, notre Claude local, pas encore statufié, n'aimait rien tant que d'aller picorer des standards du jazz, puis de bossa nova, pour y imprimer la marque de ses mots.
Comme le bonhomme s'associait à d'excellents musiciens (Maurice Vander, Eddy Louis, Michel Portal, Bernard Lubat, etc.) il se permit de reprendre sans complexe Louis Armstrong, Dave Brubeck, Charlie Mingus, Thelonious Monk Baden Powell, Chico Buarque, entre autres...
Cela a donné quelques pépites comme ce Sing Sing Song, inclus sur l'album Bidonville de 1965, archétype d'adaptation intelligente.
Ce morceau avait été écrit par le cornettiste Nat Adderley (1931, 2000) avec le titre "Work song", publié sur le premier disque solo de Oscar Brown Jr, en 1960.
Les paroles d'origines sont de JJ Johnson. Pour mémoire, une "Worksong" est un chant de taulards, généralement destiné à être repris en équipe pour ponctuer l'interminable journée de travaux forcés. Les Lomax, père et fils, en ont enregistré quelques splendides exemplaires dans les années 30 et 40.
Ici, la chanson relate la lamentation d'un petit gars, qui tout en ne niant jamais son crime, rêve de sortir de cet enfer de soleil, moustiques et matons tout en maudissant le juge qui l'a amené là.
Ce titre a été popularisé par Nina Simone, en 1961, sur l'album Forbidden fruits. Inutile d'épiloguer sur le talent de la dame, c'est enregistré ici en 1966 à l'émission de Merv Griffin.
Six millions de clébards Qui décorent nos trottoirs En dépotoir genre patinoire
Bulldozer. Sauve qui punk (1977)
Alors qu'une partie de l'humanité crève, non comme des chiens mais réellement comme des êtres humains, de froid, de faim, de noyade, d'éclats d'obus, de maladie curable, etc, un certain nombre de "personnalités" demandent au gouvernement la création d'un secrétariat d'état à la condition animale. Quand on voit comment on traite de six millions de chômeurs, on frémit à ce qui guetterait alors les trente millions d'amis.
Et là dessus, on apprend que 58% des animaux auraient disparu en quarante ans.
Cherchant désespérément à être dans le vent, l'Herbe Tendre en remet une couche sur les animaux, bestioles à poils, à plumes et à écailles.
Ce sera lundi 7 novembre à 18h sur le 92,2 de Radio Canal Sud.
Pendant ce temps, Nino Ferrer cherche éternellement son clebs dans la Gare du Midi de Bruxelles. C'était en1965.
En guise de contrepoint, une aimable parodie littéraire d'époque par Suzanne Gabriello
À l'origine de cette mystification, une chanson anglaise speedée de 1978, Jet boy Jet Girl, hymne punk et homosexuel aux paroles qu'on ne signalait pas encore comme "explicites. Et pourtant, il y avait de quoi...
Ça vous rappelle quelque chose ? Attendez voir.
Là où c'était assez drôle, c'est que le groupe Elton Motello (mélange d'Elton John et d'Elvis Costello, donc) était, en soi, un gag formé de Ward (ex Punk Bastard), Brian James (ex London SS, futur Damned et Lords of the New Church), Nobby Goff et le Belge Yves Kengen à la basse. Un autre Belge, un certain Roger Jouret, en sera même batteur un temps. Et le 45 tour sort sur un label belge : Pinball.
À ce stade, le rédacteur de ces lignes se remémore s'être trouvé devant une télévision, un midi de 1978, à l'heure où la très giscardienne Danièle Gilbert officiait en grande prêtresse de l'émission pour femmes au foyer, Midi Première.
Et l'on y vit la blonde présenter (avec la moue de rigueur) "un punk" et envoyer l'énergumène nommé Plastic Bertrand faire son numéro de play-back sur un air à la con, "Ça plane pour moi".
Air à la con dont le 45 tour allait néanmoins se vendre à 950 000 exemplaires.
Et être l'objet de plus de quarante reprise, dans le monde du rock anglo-saxon, de la chanson québecoise, du raggamuffin, de la variété, etc.
Le gag vient du fait que Plastic Bertrand n'existait pas!
Lou Deprijck, punk belge
Ce n'était qu'une image, un avatar, un personnage virtuel créé par le producteur belge Lou Deprijck, auteur de la musique pour le groupe britannique précédent qui avait décidé de s'auto-parodier en français en faisant cette comptine stupide.
Il ne lui restait plus qu'à signer un pseudo très dans le ton keupon* du moment, ce sera "Plastic Bertrand**."
Fonctionnaire des telecom belges (faut bien croûter), le producteur farceur collaborait à pas mal de groupes depuis 1970.
Mais sur ce coup-là, le voilà dépassé par son canular et l'ampleur du succès de la scie l'oblige à faire appel au copain qui avait posé pour la pochette : Roger Jouret, ci-devant batteur des Hubble Hubble et des Elton Motello.
Les plaisanteries tirant parfois en longueur, voici notre Roger embarqué pour quatre albums et tournées de 1978 à 1981.
Le plus honorable étant qu'il n'a jamais prétendu être autre chose qu'un masque. Il a même tout avoué en 1998.
Quant au partage du magot, moment toujours délicat qui suit un beau coup, il semble ne pas avoir posé de problèmes majeur entre les complices, le "Plastic Bertrand" public et "interprète légal" avouant "Je n'ai presque pas touché d'argent, notamment parce que ce n'est pas ma voix sur le disque." La cascade de procès qui suivront entre 2006 et 2012 sont dus à des litiges entre maison de disque et remix technos. Et comme la justice est juste, Lou Deprijck fut reconnu auteur par la justice du Roi !
* Citons par exemple, à l'époque, la BD punk de Serge Clerc "Les aventures de Roger Bismuth". Si ce nom vous rappelle quelqu'un, vous ne rêvez pas....
** Pour se moquer de Bert Bertrand, critique rock belge branché, équivalent d'un Patrick Eudeline.
Malgré quelques comédies, Julien Duvivier (1896-1967) n'a jamais été un grand optimiste.
Mais avec ce film de 1956 on atteint des sommets de noirceur.
L'affaire tourne autour d'une manipulation montée contre un prospère restaurateur des Halles, propriétaire du Rendez-vous des Innocents*. Innocents, tu parles !
Cette
belle humanité en prend pour son grade : Danièle Delorme en scorpion à
face d'ange (elle est parfaite), Gabin en cinquantenaire courant la gisquette,
Germaine Kerjean en mère fouettarde, Gérard Blain en jeunot idéaliste
et naïf, Lucienne Bogaert en toxicomane abrutie, sans oublier une
galerie de clients du restaurant entre goinfres, snobs, mandataires
accapareurs, ricains incultes, vieux débris libidineux. Une bien belle
image de ses contemporains : le seul à tirer son épingle du jeu est César, chien vengeur.
Amateurs de films cruels, à vos cassettes !
Comme on disait avant.
Comme Duvivier adorait saupoudrer ses films de chansons entêtantes (dans Pépé le
Moko ou la Belle équipe, par exemple) il a écrit, pour l'occasion, une Complainte
laissée à la voix de Germaine Montéro qui ouvre le film. Ce thème
revient régulièrement, avec comme seule variante, une étonnante version triturée du Temps des cerises dans un moment particulièrement sordide.
Donc, La complainte des assassins, valse triste.
* Ouais, le cimetière des Innocents était situé par là au Moyen-Age. C'était certainement trop tentant pour Duvivier.
On ne va pas ici retracer la carrière de Jean Richepin, (1849-1926) il occupe déjà une place conséquente, ne serait-ce que sur internet.
Journaliste, matelot, professeur, docker, il fut un pilier du Chat Noir à partir de 1881. Son œuvre la plus célèbre est sans conteste "La chanson des gueux" qui lui vallut un mois de séjour à sainte Pélagie.
Faute de goût impardonnable, en 1909, cet anarchiste de papier a fini par se présenter à L'Académie Française où il fut intronisé par Maurice Barrés (ses potes du Chat Noir, Verlaine en tête, ont dû se retourner dans leurs
tombes).
Citons
Octave Mirbeau à son propos : En dehors du cabotinisme dont il
s’est plu à s’entourer, j’ai la plus grande estime pour le
talent de M. Richepin. C’est vraiment un poète, d’un souffle
superbe, et dont le lyrisme amer escalada souvent les cimes
inexplorées, trop hautes pour les poumons malades de la plupart des
rimailleurs parnassiens. La Chanson des gueux nous donna un art
nouveau, des rythmes nouveaux, une poésie magnifique et canaille où
l’âme de Lamartine transparaissait sur des lèvres crispées de
voyou.
Brassens, amoureux du swing et des belles lettres, l'a popularisé au temps de l'industrie du disque avec les "Oiseaux de passage".
Dont, pour rappel, voici une très honorable version par Nicolas Bacchus.
Mais rappelons que le poète avait d'ores et déjà été chanté par Yvette Guilbert, Polaire, Lys Gauty, Tino Rossi, et Damia et mis en musique par rien moins que Charles Gounod, Gabriel Fauré ou Emmanuel Chabrier, entre autres.
Plus récemment La chanson des gueux a été adaptée par Jean-Michel Piton. Disque plein de bonnes intentions, mais plutôt gâché par une mise en musique grandiloquente. On lui préfère celle de Tonio Gémène (ici "Voyou")
Pour compléter, voici deux interprétations fort honorables,
"La chanson des cloches de baptême" rebaptisée "Philistins" par Brassens ici reprise par Nicole Louvier (1964).
En préambule, tonton Pierre Perret dans un classique des salles de garde : Adieu, fais-toi putain :
Pour introduire la stupéfiante histoire du lieu-dit "Le Poteau" à Captieux, en Gironde landaise.
D'abord promu base militaire américaine garnie de soldats Polonais, (si!) ce trou perdu au milieu des pins devint un des haut lieux des nuits du sud-ouest grâce à la multiplication de ses bars de nuit qui n'étaient que des claques assez rudimentaires.
L'étonnant ne réside pas qu'une flopée de bordels ait poussé autour d'un nid de bidasses mais que ces derniers ayant plié bagage en 1966, le Pigalle des Landes va persister à briller de tous ses feux jusqu'en...1987 !
Malgré le côté sordide de l'affaire, on sourit pas mal à l'écoute de ce documentaire d'Olivier Chaumelle et Renaud Dalmar qui fleure bon le rugby de village, les magouilles américano-polonaises, les macs bordelais et quelques petits commerçants dont on reconnaît le grand cœur, toujours près du larfeuille.
C'était à "La fabrique de l'histoire" du 20 novembre 2007.
Puisqu'il semble que ça ne veuille pas bien fonctionner, le poadcast est à ce lien.
Après la réédition, d'un étonnant bon goût de la part des éditions La Fabrique, du texte de Louis Chevalier, Montmartre du plaisir et du crime, voilà-t-il pas que les éditions l'Insomniaque nous gâtent à leur tour.
Partageant quelques préoccupations avec l'Herbe Tendre, ils ressortent ce texte méconnu d'Émile Chautard.
Tout le détail est ci-dessous, cliquez pour agrandir l'image si c'est peu lisible.
Et puis, à votre bon cœur, camaros, faîtes péter l'artiche !
Sinon, volez-le !
Et puisque y'aura 16 titres revisités de luxe par des voyous plus modernes, un petit classique de Bruant à charge des amis de la maison :
Et une version plus conventionnelle par une chanteuse qui excellait surtout dans les reprises
Tout
le monde ne peut pas avoir été punk, teddy boy, mod ou blouson noir. Cet
article est un abrégé du passionnant travail de J. Blot trouvé sur
le site l'histgeobox.
Dès
la déclaration de guerre, le 9 septembre 1939, la Troisième
République interdit bals publics et dancings. Le 20 mai 1940, en
pleine offensive allemande, Georges Mandel, le ministre de
l'intérieur, ordonne par décret la fermeture des salles
parisiennes. Étendue bientôt à l'ensemble du territoire, cette
mesure est maintenuesous Vichy dans son ambition de régénération morale
de la jeunesse. Dans le même temps, la plupart des autres
divertissements restent tolérés: concerts, théâtre, cinéma,
manifestations sportives. C'est donc avant tout la danse, tout du
moins celle pratiquée par la jeunesse des deux sexes dans les bals
qui subit les foudres des autorités vichyssoises.
Après
s'être assuré le contrôle des institutions culturelles, laissées
entre des mains françaises, les hiérarques nazis s'emploient à
donner une image accommodante de l'occupant. Dans cette optique,
Goebbels entend faire de Paris la capitale du divertissement dans
l'Europe occupée et s'ingénie à recréer le "gai Paris".
Cabarets, music-halls, cinémas, théâtres peuvent très vite
ré-ouvrir.
Peu
avant l'armistice, le chanteur Johnny Hess avait lancé en France la
vogue du swing (de l'anglais to swing, balancer) dont le tempo
tapageur, répétitif et excitant avait assuré le succès de titres
tels que Je suis swing ou J'ai sauté la barrière, hop là.
Les orchestres d'Alix Combelle, Fred Adison, Aimé Barelli ou le Hot
Club de France mettent également à l'honneur cette musique
originaire des États-Unis. Les concerts se multiplient, tandis que
les horaires de diffusion d'émissions consacrées à cette musique
augmentent fortement (de 3h50 en septembre 1940 à 35 h 20 en avril
1942 sur Radio-Paris).
Côté
nazi : "Interdit
de diffusion à la radio dès 1935, le jazz figurait en tête des
genres proscrits (...). Fondée sur une conception manichéenne de
l'art, la politique culturelle nazie opposait la tradition musicale
issue du romantisme, censée exprimer la supériorité du peuple
allemand, à la dégénérescence des musiques modernes et atonales,
noires, juives et bolcheviques."
Or, la guerre modifie cet état de fait et le jazz fait son
retour sur les ondes à partir de 1941. On ne parlait cependant plus
de jazz, mais de "musique
de danse accentuée rythmiquement"!
Le genre est finalement promu au rang de propagande par Goebbels avec
la promotion d'une formation comme Charlie
and His Orchestra
"qui chantait en anglais des textes antisémites sur des
standards américains."
Aux États-Unis, les zazous étaient des "pachucos"
Être
zazou, c'est surtout manifester un état d'esprit ("swing")
en contradiction avec celui de l'époque. La provocation, ici,
consiste d'abord à se faire remarquer, mais aussi à revendiquer une
américanophilie, une anglophilie, qui ne sont alors pas de mise.
Amateurs de jazz, les zazous s'inspirent des modes vestimentaires
américaines comme les grands carreaux du zoot
suits.
Les zazous portent les cheveux longs, bouffant sur le dessus de la
tête par opposition aux coiffures militaires, ils arborent des
vêtements trop longs à une période où le tissu est rationné. Les
zazous affichent une attitude "j'm'enfoutiste", insouciante
à l'égard des drames de la guerre, donc défiante aux yeux des
autorités vichyssoise. Ils parlent et chantent en franglais,
revendiquent le laisser-aller et l'oisiveté au moment même où la
Révolution nationale de Vichy prône la régénération de la
jeunesse française.
Pour
Vichy, le relèvement de la France passe par la régénération d'une
jeunesse, débarrassée de cet "esprit de jouissance" si
préjudiciable.
Abel
Bonnard propose aux "bons jeunes" de reconnaître les
"mauvais", ces "pitres gouailleurs,
prétentieusement avachis et raisonneurs, coquetterie débraillée,
mollesse, nature pauvre et compliquée, plaisantins de mauvais aloi,
incapables de gaieté et de sérieux, ils sont le dernier reste d'une
société d'individus." Le mode de vie des zazous, - qui
adorent la musique noire, s'amusent dans des bars enfumés où on
écoute du jazz - se situe donc aux antipodes du moralisme du régime
de Vichy et de l'austérité de l'époque. Ils suscitent donc très
vite l'exaspération. Aux yeux des autorités, le zazou symbolise le
jeune Français perverti par la IIIe République, sans âme, lâche,
efféminé, vaguement gaulliste, anglophile et enjuivé. Le zazou
représente en somme l'envers de l'idéal pétainiste.
A
la faveur de l'entrée en guerre des États-Unis en décembre 1941,
puis de l'accession de Pierre Laval à la tête du gouvernement en
avril 1942 et des revers militaires allemands, la propagande
anti-swing s'amplifie et la pression sur les zazous se fait plus
hargneuse. Le mouvement devient ainsi la bête noire des autorités.
L'engouement pour le swing et la persistance du phénomène zazou
démontrent surtout que l'endoctrinement idéologique voulu par le
régime est un échec. La renaissance nationale tant espérée par le
régime se trouve très affectée par le rejet généralisé de son
éthique du travail, du désintéressement, de l'austérité, de la
masculinité. Les collaborationnistes, partisans de la victoire
de l'Allemagne, s'en prennent alors avec hargne et un grande violence
verbale aux zazous.
Une
virulente campagne de presse anti-zazou s'ouvre à l'automne 1942.
Lucien Rebatet dénonce "la vague immonde du swing, ce
similihot, ce vulgaire straight, cette cochonnerie assaisonnant les
blues avec du sirop de grenadine dans le but d'assouvir les fringales
de trémoussements des pipelettes de la rue Soufflot."
Les
collaborationnistes considèrent encore les zazous comme des
tire-au-flan égoïstes, des "judéo-gaullistes". Le
journaliste du Parizer
Zeitung
lance même: "Derrière
le modèle américain et anglais du swing, c'est le juif qui se
cache..." Pour
l'hebdomadaire Jeunesse,
"il
faut reconquérir le Quartier latin sur l'influence juive et
l'imposture gaulliste."
La
Gerbe
- qui porte décidément bien son nom - surenchérit: "Que
l'on ne s'y trompe pas. Nous ne sommes pas contre le swing, mais
contre les swings. Le swing c'est encore du jazz, [...] du jazz
décadent, sans doute, mais de la musique allègre. Les swings sont
une race aigrie, qui naît à quinze ans avec des trépidations
politiques stupides, un cœur de vieille trompette bouchée, qui veut
singer le clairon de Déroulède."
[La
Gerbe,
4 juin 1942]
L'organe
collaborationniste Au
Pilori
inaugure même une rubrique Art
zazou.
Au fil des mois, le ton se fait de plus en plus menaçant: "Le
remède le plus pratique pour se débarrasser du zazou consiste soit
avec un ciseau à lui couper la veste-pardessus, soit avec une
tondeuse à lui enlever le toupet, ce qui non seulement le
démoralise, mais encore le prive de tous moyens d'actions. P.
S.: puisque la jeunesse énergique paraît se rassembler sous
l'étendard PPF, nous lui signalons spécialement cette chasse aux
zazous."
[Au
Pilori,
juin 1942] L'appel
est entendu. Aux mots succèdent les coups. Une intense répression
s'abat sur les "petits swing" dont les exécutants se
recrutent au sein des Jeunesses Populaires Françaises (JPF) de
Jacques Doriot ou du du Rassemblement National Populaire de Marcel
Déat. Leurs membres organisent des rafles dans les bars, tabassent,
tondent leurs adversaires. 450 zazous sont même arrêtés par la
police, conduits au camp de Drancy, puis relâchés et envoyés à la
campagne pour travailler aux champs. Quelques
jeunes gens qui ont l'idée d'arborer une étoile jaune avec le mot
"Swing" ou "Zazou" en gothiquepour
ridiculiser les mesures antisémites seront même déportés!
Il
serait abusif de compter les zazous dans les rangs de la résistance,leur
comportement est d'abord une rébellion contre l'autorité parentale.Le
soutien aux Alliés ou à de Gaulle n'est le fait que de quelques
uns. Pour Ludivine Bantigny, "ces jeunes gens sont "des
révoltés, refusant d'être étiquetés selon les normes d'identité
prônées par les autorités. Ils minent de l'intérieur la morale en
vigueur en exhibant ses ridicules et ses aigreurs. Au fond, les
zazous sont des "déserteurs
du monde",
de ce monde codifié par des normes conservatrices et fascistes que,
par leur refus même de cet ordre, ils entendent bien condamner."
(Bantigny p 2065) La répression et les rafles ne parvinrent pas à
endiguer le phénomène zazou. C'est plutôt l'instauration du STO
qui entraîne leur disparition. La Libération sonne le glas du
mouvement lorsque déboulent à St-Germain-des-Près les
existentialistes ou les lettristes. Raymond Legrand, Johnny
Hess seront inquiétés pour avoir continué leur activité en
chantant notamment sur Radio Paris.