lundi 29 mai 2017

En juin, des congès

de Cartier-Bresson

La démocratie nous réserve bien des joies. Une élection en cachant une autre, l'Herbe Tendre décide, un mois avant la ruée annuelle de ceux qui peuvent encore se payer quelques congés, de célébrer la désertion du turbin, elle-même légalisée par un gouvernement obligé de lâcher du lest en 1936.
Donc, nous partons sur les routes des congés, payés ou pas, le lundi 5 juin à 17h30 sur le 92.2 fm de Radio Canal Sud.

En avant-première, une chanson de Gainsbourg, originellement écrite pour Petula Clark, interprétée ici par (Ô surprise!) Jane Birkin et les Négresses Vertes en 1995.



Et Satan's Holidays. Kim Fowley et Ritchie Blackmore ont revendiqué ce titre qui n'est jamais qu'une boogie-woogisation d'Edvard Grieg et qui devrait rappeler un petit quelque chose aux auditeurs de Canal sud.

vendredi 26 mai 2017

Serge Kerguiduff

Dans les années 70
Nous sommes parfois si éloignés de la Bretagne qu'on en avait oublié l'existence de Serge Kerguiduff. Un grand merci à Violette qui nous a signalé, dans un commentaire, la mise en ligne d'un de ses 33 tours, de nos jours introuvable : des poèmes mis en musique d'Édouard -Joachim Corbière, dit Tristan, poète malchanceux surnommé "l'Ankou" par les habitants de Roscoff en raison de son aspect spectral.


Né en 1943, chanteur et guitariste, Kerguiduff, a consacré un spectacle à Tristan Corbière et un autre à la révolte des Bonnets Rouges ("l'émotion populaire" de 1675, sous le règne de Louis XIV, pas sa caricature de 2013).
Le "Bougre", comme il se faisait appeler, s'était fait connaître avec le titre "Ripaille", chanson contemporaine du mouvement contestataire breton des années 70.
En 1980, il a embrassé une carrière de luthiste XVIème siècle. Passionné de musiques médiévales et renaissance, il montera, parmi d'autres, un spectacle autour de textes de Rabelais. Entre chansons et mélodie ancienne, il a mêlé ses influences dans plusieurs de ses compositions, dont "l'Argent".


Serge Kerguiduff est mort en septembre 2016.
Mais son site lui a survécu : http://www.kerguiduff.com/
Et dans les années 2000

mardi 23 mai 2017

Flamenco de circonstance

De Goya
Pour célébrer le prochain déménagement de la dépouille du nabot d'El Ferrol de son immonde monument et en attendant l'éradication d'icelui.


A ustedes señores míos
nuestros dignos mandatarios
quiero aclararles un punto
que es necesario aclararlo.

Ustedes fueron guerreros
azules rojos o blancos
ustedes se asesinaron
como lobos sanguinarios.

A ustedes señores míos
se os llenaron las manos
de sangres de oscuros gritos
que fue inundando los campos.

(...)

A ustede señores míos
ilustrísimos falsarios
quería aclararles un punto
que quede bien aclarado.

Y por más vueltas que le doy
no me queda más remedio
que seguir siendo quien soy.


À vous messeigneurs,
nos dignes gouvernants
je veux éclaircir un point
qu’il vaut mieux préciser

Vous fûtes des guerriers
rouges, bleus ou blancs.
Vous vous êtes assassinés
comme des loups sanguinaires
Vos mains, mes seigneurs
débordent de sang
de cris obscurs
répandus sur les champs.
(…)
Donc, messeigneurs,
illustres faussaires,
je veux éclaircir un point
qu’il vaut mieux préciser
Et j’ai beau y penser mille fois
il ne me reste pas d’autre issue
que de rester ce que je suis.

samedi 20 mai 2017

Hommage au grand Charles

Photo de David "Chim" Seymour
Un grand coup de chapeau mou au Fou chantant de Narbonne, grand malaxeur de mots. À celui qui jouait de son homosexualité en l'intercalant dans ses calembours ("Je tâte André à la sortie du garage"), au chanteur symbole du swing de l'entre-deux guerres, d'abord avec Johnny Hess puis en solo, au zazou sosie du juif Harpo Marx, d'après le torchon "Je suis partout" (1944), même si, pour être juste, il faut bien avouer qu'il passa une occupation, somme toute, confortable. Bref, à l'increvable qui, né en 1913, donna son dernier concert en 1999, deux ans avant son décès. 
Un exemple de son génie, encore vivace, en 1955 

  

Un autre de 1951 (mais comment diable se donne-t-on de la joie avec une passoire ?)



Pour finir, un extrait d'une émission mythique :


mercredi 17 mai 2017

Mac Orlan à Marseille (par Catherine Sauvage)

Voix voilée, émotion intacte, Catherine Sauvage interprète ici un classique de la complainte du trottoir, qui, exceptionnellement chez Mac Orlan, a Marseille comme cadre.

Cette séquence a été possiblement filmée en juin 1972 mais nous n'avons aucune certitude quant au lieu du concert.

Elle semble bien faire partie de l'émission de Roger Sciandra, présentée par Pierre Whien, portrait de la chanteuse, alternant entretiens et extraits de concerts.
Comme pratiquement toujours chez Mac Orlan, la musique est de Marceau Verschueren.

dimanche 14 mai 2017

Autonomie ouvrière (cinoche du dimanche)

Classe ouvrière courtoise (Asturies 2012)
Vu la médiocrité de la vie politique, revenons un peu à nos racines.
Ce film est sorti il y a déjà une dizaine d'années mais on pense qu'il peut encore servir.
Il est consacré aux luttes ouvrières menées en marge des syndicats et des partis politiques dans l’Espagne des années 70.

Langue : Espagnol, sous-titré français
traduction/adaptation : Pif & Hercule
Durée : 74 minutes
Un film de : Falconetti Peña et Orsini Zegri
Avec : Pepe Rovira, Clemente, Speedy Gonzalez, Marcelo, Attila, Paco, Jesse James, Jésus, Juan Carlos Bourbon d’Espagne, Chema, Peter Fonda, El Kabra, Des éléphants, Toni, Marga, Santi, et quelques autres.
Musique : La Polla Record.



1973 / 1982 en territoire espagnol.
Après 40 ans de dictature, voici venu le temps de la transition démocratique, plus connue comme « transaction démocratique ».
Ils étaient ouvriers, dockers, tourneurs, dynamiteurs à Barcelone, Vitoria ou Bilbao. Tous faisaient partie de ce mouvement diffus, sans porte-parole ni dirigeants autre que les assemblées d’usines ou de quartiers. Tous rejetaient le patronat, les syndicats, le capitalisme. Certains étaient armés, d’autres pas, mais tous défendaient l’autonomie ouvrière.
En 1976, l’Espagne était en flamme et « Il fallait les écraser (...) car c’étaient des minis soviets » (Manuel Fraga Iribarne, ministre de l’intérieur)
La démocratie s’en est donc chargée.
Mais l’histoire cavale encore...

vendredi 12 mai 2017

Les Coronados, garage band précurseur

Emprunté au blog "Teenagers électriques"
Si le mot, tellement galvaudé, de "culte" peut s'appliquer à quelques groupes de rock français, les Coronados sont un des plus sérieux candidats au titre.
Public fidèle, influences irréprochables, respect des collègues, grande et petite presse dithyrambique et... pas grand chose à l'arrivée.
Comme bien d'autres de cette époque, les "Coros", ex " Javelisés" abandonnent leur Limoges natal pour aller chercher gloire et fortune à la capitale. Se taillant une belle réputation de groupe de scène aux guitares bordéliques et au chant gueulé en français dont les paroles confinent à l'inaudible, ils enregistrent deux EP en 1981 et 1982 (l'excellent "Voix blanches et idées noires") avant de sortir le déconcertant album "N'importe quoi. Mais pas n'importe comment" en 84. Les pièges du studio étant ce qu'il sont, un son trop clean, trop variétoche, les trahira.
Ce titre a été repris depuis par les Wampas :



Rhythm'n blues enragé, adaptations d'Alex Chilton ou de Captain Beefheart (pas les groupes les plus en vue du moment sauf chez quelques connaisseurs) malgré un  accueil encourageant, Dominique quitte le groupe qui continue en trio.
Et s'accroche encore jusqu'en 1989, avec l'album "Un lustre", plus avant-gardiste, qui signera la séparation du garage band. Ils resteront un des meilleurs représentants d'une scène rock française assez lettrée, teigneuse et pas stupide des années 80.
Ces derniers temps, ils se reforment à l'occasion.


Les Coronados étaient Bernard Lepesant ( Chant & Guitare), Dominique Especel (Guitare), Yves Calvez (Basse), Berko, puis Dilip Magnifique (Batterie).

mardi 9 mai 2017

En mai, des lendemains qui (dé) chantent

George Grosz : Les piliers de la société.
Le 7 mai fut un bien bel anniversaire car il parvint à couvrir la rumeur d'une élection pathétique.

Grand merci à Léo et Éléonore, aux Lauren Bacalao, à Skin & Wire, aux Modest Lovers, aux Ex Tatas et à tous et toutes pour coups de mains et chaleur humaine.

Et c'est une équipe au grand complet qui se pencha dès le lendemain sur un futur radieux ou irradié, selon le cas.

Détail important, la technique nous ayant trahis, les moult occupants du studio n'avaient pas de son. Ce qui explique le côté décousu ou quelques variations sonores. L'ampli incriminé devrait prochainement revenir au bercail.

Voici malgré tout notre petit florilège de la chanson d'espoir et de désespoir :





OTH                                           Quelle sacrée revanche
Chorale Populaire de Paris       Au devant de la vie
Margueritte Bervoets                Lettre
Claude Channes                         Mao, Mao
Lise Médini                                Charognes
Maxime Le Forestier                 Honte à qui chante
ZEP                                            Sans la nommer
La Cliqua                                   Un dernier jour sur Terre
Fontaine / Arezki                       Le bonheur
Les Poppies                               Rien n'a changé
Les Wriggles                              Plouf !
Bulldozer                                   Oh yeah, oh no
Vanessa Hachloum                    Paris s'éveille
Markos Vamrakaris                  Premier ministre
Barbara                                     Les boutons dorés
Francesca Solleville                  On ne sera jamais vieux
Maître Gazonga                        Les jaloux saboteurs
Serge Reggiani                          Il suffirait de presque rien
Fabe                                           Changer le monde
CPP                                            La jeunesse 

Cette émission se retrouve sur le site de la radio.
Et puis, puisqu'il faut toujours revenir à la Commune de Paris, cette chanson de Jean-Baptiste Clément interprétée par Armand Mestral, Francesca Solleville et les Octaves sur le sort que nous réservent nos maîtres dès qu'ils se sentent un tant soit peu remis en cause.


Président français, cuvée 2017

dimanche 7 mai 2017

Jacques Marchais chantait Dimey

Voilà un trop long moment qu'on n'avait pas évoqué notre cher disparu, Jacques Marchais (1931-2006).
Alors, en guise de respiration en cette époque de brutes, il nous revient chantant un Bernard Dimey aux accents courtois, morceau édité dans le 30 cm BAM C 432 "Récital n°2" ou dans le maxi 4 titres BAM EX 624 "Jacques Marchais chante"...
Sortilèges avait également été chanté par Barbara.

À la guitare, on entend Jacques Marchais et Jean-François Gaël, à la basse, François Rabbath.

Merci à Dominique HMG pour cette pause.

 

Achtung ! Achtung ! Vu la riche programmation, l'émission radio du lundi 8 mai commencera à 17h30, qu'on se le dise ! (sur canalsud.net




jeudi 4 mai 2017

Prévert se reprenait lui-même

Gréco avec Joseph Kosma
Originellement, Prévert avait écrit "À la belle étoile" pour le film "Le crime de Monsieur Lange" de Renoir.
La chanson était alors interprétée par Florelle, on vous en avait causé à l'époque .
La guerre, l'occupation, puis la libération étant passées par là, le Jacquot éprouva le besoin de remanier et compléter son texte pour la parution de son recueil, Paroles.
Procédant par opposition, il y a dépeint un métro aérien à La Chapelle, un truand nommé Richard le Blanc sur le boulevard Richard Lenoir et un Espagnol sur celui des Italiens.
Ainsi qu'un aréopage de vieux tapins, vauriens du quartier, clodos affamés, incurables antisémites, et flics ratonneurs.
L'aimable rengaine du film devient un hommage sans espoir à ceux qui en bavent et à un certain Paris du populo.
Juliette Gréco la chanta en 1951.


Profitons de l'occasion pour insister sur le fait que Prévert ne fut pas que le poète un peu niaiseux qu'on nous apprit à l'école mais, à ses heures, un véritable teigneux. Démonstration : ce texte de circonstance très joliment dit par un Serge Reggiani très en verve : "Tentative de description d'un dîner de tête à Paris, France".


lundi 1 mai 2017

Démarrer la journée avec Makhno

L'auteur pond un tube (1917)

Prolétaires du monde entier, descendez dans vos propres profondeurs, cherchez-y la vérité, créez-la vous-mêmes ! Vous ne la trouverez nulle part ailleurs.


Nous n’avons rien à ajouter à cette phrase, testament de la Makhnovchina, citée par le camarade Piotr Archinov.
Si ce n’est cette chanson qui, selon la légende, aurait été écrite par le batko lui-même en 1917 (se trouvant en taule, il avait un peu de temps libre). Si certains termes semblent obscurs, on en précise plus à cet article.


Idéal pour démarrer la journée en cette époque bourrique.


Orchestre (de percussions) makhnoviste

Et puisqu'on est chez les cosaques, un groupe de là-bas : "La horde anarchiste" :



Ainsi qu'un chant millénariste anonyme nous venant de France (1896 ?)